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Infolettre - mars 2020


Mars, le printemps arrive, les journées sont plus longues et plus lumineuses, le carême poursuit son chemin de conversion dans nos vies et dans nos cœurs.
Pour nous y aider, nous vous proposons la lecture de la transcription du dernier atelier de l'université d'été de 2019, dialogue œcuménique et inter-religieux. Une porte à ouvrir.
Bon itinéraire vers Pâques.

LE DIALOGUE OECUMENIQUE ET INTER-RELIGIEUX





Deux questions complétaient le titre de cet atelier :

- Comment dans nos lieux de vie et/ ou d’engagement, et de quelle manière se crée le rapport aux autres confessions chrétiennes : protestants traditionnels, évangélistes, orthodoxes et autres religions ?

- Quelle est mon attitude intérieure profonde quand je rencontre :

  • un incroyant ou un athée ?
  • un chrétien d’une autre sensibilité ecclésiale ou d’une autre confession que la mienne ?

Cet atelier a donc donné lieu à des échanges d’expériences très riches pour les participants.

D’où la difficulté à réaliser une synthèse, forcément réductive des apports de cet atelier. Nous avons donc choisi de la présenter par groupe pour permettre aux différents acteurs de s’y retrouver, au risque d’en faire un catalogue de faits de vie.





A la lecture des expériences présentées, on peut classer les rapports œcuméniques ou avec d’autres religions en cinq lieux privilégiés :

- des temps de prière et de célébration, à l’occasion de fêtes religieuses, comme Pâques, ou le Ramadan, ou de prière commune pour les immigrants décédés au cours de leur périple. 

- des études bibliques communes sur des personnages tels qu’Abraham, Moïse et Elie,

- des conférences, par ex. une causerie sur le Rosaire dans une église anglicane,

- une collaboration au sein d’associations caritatives,

- des liens d’amitié et de fraternisation au quotidien : à l’école, au sport, dans le quartier ou la synagogue.



Dans les lieux d’engagement, précisément au sein d’associations telles que le Secours Catholique, le réseau Welcome, des gestes de solidarité, des fêtes, de belles réalisations se concrétisent.



Par exemple avec le temps de partage Pain-Pomme : Pendant le Carême, des paroisses de différentes confessions, protestantes, orthodoxes, catholiques s’invitent pour un temps de partage. L’équipe qui reçoit, à tour de rôle, prépare la prière : pasteur, prêtre orthodoxe ou catholique, puis les participants partagent une tranche de pain et une pomme.

Intérêt : brassage des communautés et richesse des angles de vue divers sur le partage de la Parole.



Célébration de la résurrection : Après la veillée pascale, des chrétiens de différentes confessions se retrouvent sur les bords du Rhône pour vivre ensemble le lever du soleil, symbole du Christ ressuscité.



Expérience de La Duchère :  Elle est surtout animée par un pasteur. Des catholiques, protestants, musulmans, juifs se rencontrent plusieurs fois dans l’année autour d’un même thème déterminé à l’avance, avec temps de prière commune.

C’est un quartier où se vit une coexistence pacifique entre les communautés. Sans doute, ces rencontres inter-religieuses produisent-elles des effets bénéfiques sur tous.



Rencontre de travail inter-religieuses : Il existe au Chatelard des journées de formation communes entre Juifs, chrétiens, musulmans.  Même chose à Colmar.



A la radio, sur RCF, l’œcuménisme se vit à travers des émissions spécifiques. Les commentaires de Nicole Fabre, pasteur protestant, sont particulièrement appréciés.

L’éducation des jeunes, dans le cadre d’un établissement scolaire catholique, mise en place d’un parcours sur la culture chrétienne avec la présence volontaire d’élèves musulmans et l’accord de leurs parents.

Le parcours a depuis évolué pour devenir un cours obligatoire de culture des religions pour tous les élèves.



Des propositions de rencontres :

Avec la communauté musulmane :

- rencontres périodiques avec un groupe musulman autour d’un thème choisi en commun

- partage à l’occasion des fêtes religieuses catholiques ou musulmanes

- constitution de groupes mixtes à l’occasion d’évènements dramatiques, par exemple à la suite d’attentats

Avec les autres confessions :

- prière œcuménique dans les centres de rétention administrative lors de la semaine de l’unité

- rencontres œcuméniques et interreligieuse des enfants une fois l’an dans le diocèse de San Pedro en Côte d’Ivoire

- ouverture de l’école catholique aux enfants non catholiques



Il faut inventer des lieux pour se connaître et se rencontrer, par exemple les arrêts de bus, lieux privilégiés pour créer des liens avec les mamans musulmanes. Ces relations se vivent d’abord avec les femmes et progressivement avec les papas. Rencontres aussi à l’occasion de la sortie des animaux de compagnie. On commence par un échange banal qui au fil du temps peut atteindre de la profondeur.



Au Niger : lors d’un très long séjour, une sœur a donné des cours de couture et de tricot aux femmes musulmanes pour les aider à gagner plus d’autonomie, à les mettre debout. Ainsi elle a pu être invitée dans les familles, occasion d’échanges.


En Centrafrique : Les exactions entre chrétiens et musulmans sont à l’origine causées par des mercenaires étrangers. Elles ne sont pas dues au départ à des rivalités religieuses entre centrafricains. Les autochtones peuvent vivre en harmonie. Mais dans les dialogues on sait qu’il y a des limites à ne pas franchir. Et avec la guerre, on met plus de prudence dans les relations. Pour les mariages interreligieux, la prudence s’impose.



Aux Cartières : Le dialogue œcuménique et interreligieux se vit concrètement dans l’accueil de groupes divers, y compris de scouts musulmans et de groupes non confessionnels. Le dialogue n’empêche pas le rappel à l’occasion des règles de vie propres à la maison. Il faut savoir établir des limites et faire respecter son identité.



Au Bénin : Exemple très original de collaboration interreligieuse au Nord Bénin.  Les imams interrompent leur prêche à certaine heure le matin pour permettre à la paroisse de diffuser des chants religieux. Des cassettes de chants religieux chrétiens sont achetées par des musulmans.

Des enfants chrétiens étaient humiliés dans leur école par les élèves musulmans, parce qu’ils portaient la croix : intervention des imams alors que le directeur restait impuissant.



Autre exemple de relations : partage de nourriture à l’occasion des fêtes propres à chaque religion.

Pour terminer sur une note d’espoir, citons la parole d’un maçon musulman sur l’échafaudage de construction d’une église située en face d’une mosquée :« Maintenant, l’église et la mosquée se saluent. »









Rencontre avec des athées :

Attitude intérieure profonde ; ce n’est pas le sujet religieux qui est au centre. Ce qui compte, c’est la personne et non ses convictions. D’où une grande sérénité dans ces rencontres.

Même attitude dans un autre témoignage : les rapports avec des collègues athées sont d’abord   centrés sur des rapports humains, même si parfois des piques sont lancées contre la foi chrétienne.

Relations œcuméniques

En Afrique, elles semblent se vivre de façon très naturelle avec les églises protestantes établies, elles deviennent beaucoup plus difficiles, voire impossibles avec les petites églises qui pratiquent un syncrétisme. Ce sont des relations suivies et non plus ponctuelles comme trop souvent en France. L’important, c’est d’établir une continuité pour faire perdurer ces relations au-delà des changements de personnes.

On peut même aller jusqu’à une collaboration entre confessions chrétiennes pour la construction d’églises.



Reste la situation douloureuse de couples mixtes catholiques-protestants dont l’un des conjoints ne peut communier lors des eucharisties à l’église catholique.

La situation spécifique des couples mixtes chrétien-musulman a aussi été présentée par une personne qui la vit. Il faut commencer par bien se connaître pour pouvoir reconnaître la dimension vécue par l’autre. Nous avons tous la même origine et nous allons vers le même devenir.

Question importante : quelle éducation, quelle transmission de la foi pour les enfants ? L’’essentiel : leur donner les moyens d’être libres de leur avenir, de se construire dans la diversité tout en ayant une colonne forte de confiance dans la vie.





Néanmoins, quand on se pose la question sur la profondeur de la relation, elle reste, à vrai dire, superficielle, périphérique, limitée, tendue et fragile. (rigidité de l’école coranique, esprit de concurrence, règles canoniques de l’Église catholique quant aux mariages interconfessionnels, etc., fermeture de la part des intégristes musulmans et aussi des chrétiens intégristes)

Le prosélytisme, fait peur et par conséquent, suscite la méfiance.



Face à un incroyant ou un athée, le groupe est unanimement ouvert pour accueillir l’autre dans le respect en mettant en avant l’être humain avant les convictions. Il en est de même vis-à-vis d’un chrétien d’une autre sensibilité ecclésiale ou d’une autre confession, dans une attitude d’accueil et d’écoute de l’autre.

En revanche, l’augmentation des femmes musulmanes qui portent la burka pose question :  provocation ou enfermement ? Certains y voient une forme de prosélytisme.

Le groupe s’est aussi interrogé sur la tendance actuelle de prêtres jeunes à porter la soutane. Remise en cause des acquis de Vatican II ? Besoin de se protéger ? L’opinion du groupe était partagée mais unanime pour dire qu’il faut tenir compte du contexte. 



Les catholiques sont les premiers demandeurs de dialogue et non les musulmans souvent réticents pour entrer dans une attitude d’ouverture.

Promouvoir l’égalité entre les fidèles des différentes religions demeure un travail de longue haleine.





Quelle conclusion tirer des échanges très divers et très riches de cet atelier ?



Oui, le dialogue œcuménique est possible. Il est plus que jamais nécessaire et doit être poursuivi à condition de respecter certaines règles.

Sur le plan individuel il est plus facile à réaliser à partir de relations simplement humaines. Il faut savoir accepter l’autre dans sa différence sans renoncer à son identité propre. Saisir les occasions simples de rencontre de la vie quotidienne. Se rencontrer de personne à personne.

Sur le plan institutionnel, si les relations semblent relativement naturelles et simples à établir avec les autres confessions chrétiennes, c’est beaucoup plus difficile avec les musulmans, beaucoup moins demandeurs et qui n’ont pas de vraie hiérarchie. Dans tous les cas fuir le prosélytisme...et la naïveté pour éviter la récupération.






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