« Vous êtes des anges pour nous »
Je
souhaite partager ici l’expérience d’un groupe d’une vingtaine de personnes
pour l’accueil et l’accompagnement de migrants.
D’UN GROUPE INFORMEL A LA CREATION
D’UNE ASSOCIATION
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C’est à l’appel du curé de l’ensemble
paroissial St Didier Limonest que quatre paroissiens se sont mis en route pour améliorer
l’aménagement et l’équipement de deux appartements mis à disposition par le
Prado et rénovés par la Mairie de Limonest.
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A l’approche de l’arrivée des familles de
nouvelles personnes, de diverses sensibilités, ont renforcé le groupe : voisins dont les Pères du Prado, élus de la Mairie
de Limonest, personnes tout simplement riches d’humanité ou acquises à la
doctrine sociale de l’église et parents d’élèves. Ainsi fut créé le CAM (Comité d’Accueil Migrants). En
effet, il est nécessaire de nommer pour exister auprès de collectifs divers. Ainsi,
une aide financière a été obtenue par le canal de la Société St Vincent de
Paul.
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L’Association
LIM (Limonest Intégration Migrants ; ) a été créée pour rendre
les actions du comité plus visibles et crédibles.
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Cette action a été une réponse aux
conséquences de l’agression de l’Irak par DAECH en 2014. Le Maire a réagi en
réponse la Préfecture suite au déplacement en Irak du ministre des Affaires
Etrangères. Le curé de la paroisse a été alerté par le diocèse via le comité de
jumelage Lyon-Mossoul constitué par le Cardinal Barbarin qui avait accompagné
le ministre. Le Prado s’est mis en route en réponse à un appel du Pape
François.
PERSONNES ACCUEILLIES ET ACCOMPAGNEES
Nous
avons accueilli et accompagné trois familles irakiennes dont la composition,
l’histoire et les attentes étaient très diverses. Toutes les personnes
constituant ces familles ont été
harcelées, violentées ou menacées par Daech. Elles ont
quitté leur pays pour demander le statut de réfugié.
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Un couple et leurs trois filles, jeunes
adultes, constituait la famille J. Ces jeunes femmes étaient étudiantes à
Bagdad, leurs parents étaient salariés. Toutes leurs économies ont été
utilisées pour payer les services d’un passeur et partir pour le Danemark où
d’autres membres de la famille se trouvaient déjà. Sept mois plus tard la
famille fut refoulée vers la France, le pays par lequel elle entra en Europe :
il y eut un transfert d’avion à Paris. Cette famille arriva à Lyon totalement
démunie. Les besoins prioritaires furent : de la nourriture, des vêtements
et des soins médicaux. Tandis que nous accompagnions ces migrants pour les
premières étapes de leur demande d’asile les deux familles qui étaient
attendues depuis plus de six mois s’annoncèrent. Il fallut donc déplacer la
famille J vers un nouveau lieu d’hébergement, un appartement mis à disposition
gracieusement dans un village voisin où une nouvelle équipe prit le relais pour
l’accompagnement.
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Les deux familles attendues arrivèrent
avec un visa de consulat de France à Erbil. Elles ne firent pas état de difficultés
financières.
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L’une, chrétienne, originaire de Karakoch,
est composée d’un jeune couple et de leur garçon de deux ans. Le « chef de
famille » travaillait dans une entreprise familiale multi tâches en
agriculture et construction. Son épouse était étudiante en psychologie. Ils
vivaient en communauté élargie. A l’arrivée, la demande prioritaire fut l’accès
à Internet.
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L’autre famille, musulmane sunnite,
originaire de Mossoul, est composée de la maman et de deux petites filles de
cinq et sept ans. La maman était cadre dans l’administration. Son mari,
directeur financier adjoint de la ville de Mossoul est interdit de sortie du territoire.
A l’arrivée, la demande prioritaire fut la scolarisation et l’accès à internet.
En
réponse à la demande de l’une des membres de l’Association nous participons à
l’accompagnement d’une famille monoparentale originaire du Kosovo hébergée dans
un logement social.
ACCOMPAGNEMENT
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L’accompagnement lors des premières étapes
de la demande d’asile fut identique pour les trois familles. Une variante est cependant
à mentionner en fin de procédure : la famille chrétienne arrivée avec le
visa du consulat de France à Erbil n’a pas été convoquée à se présenter devant
la commission de l’OFPRA à Paris. Il est probable que leur cas répondait aux
conditions définies dans les accords d’accueil des chrétiens d’Irak. Un autre
point commun à l’accompagnement de toutes les familles fut et demeure l’aide à
l’apprentissage du français ainsi que le soutien à toutes les démarches
administratives nécessaires après l’obtention du statut de réfugié. C’est du
TEMPS qu’il faut offrir !
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Il convient cependant de retenir que l’accompagnement
est propre à chaque famille. Quelques exemples. La famille démunie
financièrement fut accompagnée à l’épicerie sociale, à divers vestiaires et
bric-à-brac ainsi que dans des lieux informels d’apprentissage du français.
Elle bénéficie encore du soutien financier par l’équipe qui a pris le relais de
LIM. Par contre, les mêmes propositions présentées aux deux autres familles furent
mal perçues. Les enfants en bas âge de deux familles ont été conduits
quotidiennement à la crèche, à la maternelle, à l’école primaire école.
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La présence aux côtés des personnes
accompagnées exige une coordination de l’ensemble des accompagnants et
d’acteurs sociaux clés de la mairie. Elle a été établie en grande partie lors
des réunions qui ont été pratiquement hebdomadaires une grande partie de
l’année.
Pour conclure
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L’accompagnement de migrants sur le long
terme n’est raisonnablement envisageable qu’en équipe. C’est une activité
exigeante et source de rencontres d’une grande richesse. Donner, principalement
du TEMPS, est une merveilleuse occasion de recevoir. N’est-il pas
extraordinaire de s’entendre dire « Vous êtes des anges pour nous » ?
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Des objectifs ont été atteints :
l’obtention du statut de réfugié, un travail pour l’un d’eux, un logement
social pour une famille. Deux des trois familles sont autonomes pour leurs
déplacements : ils ont acquis une voiture.
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Ce n’est qu’un début. Nous œuvrons pour
l’intégration complète des familles. Nous agissons pour obtenir l’amélioration
des locaux servant à l’hébergement transitoire. Nous nous préparons à nous
exposer à de nouveaux visages, de nouvelles histoires et de nouveaux espoirs. Adultes
et enfants migrants doivent encore faire d’énormes efforts : pour
améliorer leur expression en français, pour progresser dans le cursus scolaire,
pour trouver du travail, voire entrer à l’université. Un beau programme.
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